Intitulé «Tango Negro, les racines africaines du Tango», ce film a la particularité de mettre en exergue tant de vérités qui, jusque-là, étaient ignorées de beaucoup de monde. Et pour célébrer sa sortie en «avant-première mondiale», la Délégation Permanente de l’Angola auprès de l’Unesco organise, le lundi 8 juillet, de 17h30 à 22h00, une projection du film dans la salle XI de la prestigieuse Maison de l’Unesco, devant de nombreuses personnalités invitées du monde diplomatique, artistique et culturel.
Par ailleurs, il faut associer à cette manifestation les deux Délégations amies - l’Argentine et l’Uruguay - les plus représentatives du Tango dans la région de Rio de la Plata, dont les populations ont longtemps porté dans leur âme les rythmes sensuels de la musique et danse Tango. Face à cet évènement, nous avons voulu avoir le sentiment de Dom Pedro, en tant qu’auteur et réalisateur du film, et ce qu’il pense de l’implication des autorités
de son pays.
LusoJornal: Votre film a reçu le label de l’Unesco «la Route de l’esclave 2013», comment avez-vous réagi face à cette nouvelle?
Dom Pedro:
Ma réaction a été vive, soulagé; c’était inattendu! En accordant à ce film leur label Unesco, les experts de la Commission ont manifesté la satisfaction de par ma démarche; c’est une forme de reconnaissance de mon travail, en fait. Ce qui prouve aussi que le propos du film est la manière dont cela a été dosé ne leur a pas laissé indifférents. Oui, c’était une très bonne nouvelle.
LusoJornal: Et les autorités angolaises se mobilisent pour promouvoir le film. Quel est votre sentiment sur ce point, sachant que c’est une première, non?
Dom Pedro:
Oui, effectivement, dans mon cas, c’est une première car, après tant d’années d’exercice dans cette profession, c’est une preuve que le moment soit réellement venu pour être reconnu. Et si cela arrivait, ce serait le fruit d’efforts intenses, sans relâche, nourris d’immenses espoirs et toujours mobile afin d’escalader peu à peu les échelles de la vie. Car je suis quelqu’un qui essaye toujours le maximum afin d’assurer de promouvoir
l’mage de notre pays. D’ailleurs ça ne date pas d’aujourd’hui. Je les en remercie profondément. Et c’est un acte
bénéfique pour les artistes de la Diaspora angolaise toute entière. Un nouveau parfum se met à jour, à nous de l’exploiter au maximum pour le bien de notre pays. Oui, je crois fermement que l’artiste doit demeurer un lampadaire pour nos sociétés, pourvu que la lumière de nos idées soit toujours lumineuse afin de mieux éclairer nos chemins.
LusoJornal: Ce film montre que le Tango argentin ou Uruguayen tire sa source, notamment des Esclaves Noirs venus d’Afrique. Mais, pour vous, quel est le but de ce film?
Dom Pedro:
Bien sûr, un des intervenants le dit bien dans ce film: «si les Noirs n’étaient pas venus dans cette contrée-là, il y aurait peut-être le Tango, mais certainement sous une autre forme». Car l’origine de toute cette danse, avant sa forme dite contemporaine, c’est bien les danses africaines rythmées par des tambours africains.
A partir de là, comment peut-on omettre ces racines, si ce n’est par la mauvaise foi! Par conséquent, il a fallu les extirper et les exhiber à la vue de tout le monde. Et le but c’est de contribuer à la connaissance du monde, sans enfoncer qui que ce soit, ce n’est pas dans notre vision des choses.
LusoJornal: Concrètement, quelle est la stratégie de la production pour la promotion de ce film?
Dom Pedro:
La production fait de son mieux pour essayer de placer le film là où il faut, qu’il soit un peu plus visible. C’est pour cela que nous comptons beaucoup sur ses différents passages dans les festivals, avec l’espoir qu’il suscitera beaucoup d’engouements et de curiosité pour que les festivaliers, les spectateurs cherchent à savoir exactement de quoi il parle. C’est ainsi que les acheteurs de programmes peuvent le remarquer. Et, au-delà de belles images, un film se «juge» aussi par le propos qu’il véhicule. De ce point de vue, ma démarche est, je crois, loin d’être banale. Par ailleurs, le thème étant universel, je compte sur le soutien de tous pour en parler aux uns et aux autres. Savoir ce qu’il s’est passé, c’est mieux que l’ignorer. Voilà comment nous pouvons faire avancer dignement le monde des humains. J’invite solennellement tous ceux qui le peuvent
à venir à la projection du lundi 8 juillet, à l’Unesco, voir le film et en être, comme les Apôtres, de ceux qui auront pour mission de relayer chacun dans son obédience la bonne nouvelle. C’est une affaire de tous. Ce à quoi je m’attèle personnellement.
(Propos receuillis par Armindo Pedro, pour "LusoJornal" paru le 3 juillet 2013).