Le Saint-Siège a marqué des points mardi devant la justice belge, qui s'est déclarée incompétente pour juger le Vatican dans le cadre de l'action engagée par des victimes de sévices sexuels au sein de l'Eglise.
Le tribunal de première instance de Gand (nord), qui avait été saisi en 2011 par 39 victimes présumées de sévices sexuels, a estimé que le Saint-Siège, qui représente le Pape et la Curie romaine, doit être "considéré comme un Etat protégé par le droit international qui ne peut être jugé par un tribunal étranger".
Le tribunal a ainsi suivi les avocats du Vatican, qui ont plaidé que "l'immunité du Saint-Siège n'est pas sujette à discussion".
Les plaignants affirmaient qu'elles avaient été victimes de sévices sexuels commis, souvent dans leur jeunesse, par des prêtres ou des enseignants catholiques et que la hiérarchie de l'Eglise avait couvert ces pratiques.
"Le mal ne fait aucun doute, mais le Saint-Siège ne porte aucune responsabilité juridique", avait soutenu en mai l'un des avocats, Raf Verstraeten.
Le tribunal a également rendu mardi son verdict dans le volet de l'action dirigé contre les évêques de Belgique.
Il a jugé "recevable" la plainte d'un homme qui avait introduit le dossier au nom de l'ensemble des 39 victimes présumées, mais l'a déclarée "nulle". "La plainte ne contient aucune information quant aux différentes personnes mises en cause ou aux dommages éventuellement causés par celles-ci", a souligné le tribunal civil. Les évêques "ne savent donc pas ce qui leur est reproché", a-t-il ajouté.
Le tribunal a toutefois laissé ouverte la porte aux 38 autres plaignants, qui devront cependant présenter leur dossier à titre individuel.
Après d'autres pays comme l'Autriche, l'Allemagne ou les Etats-Unis, la Belgique avait été touchée en 2010 par un énorme scandale de pédophilie au sein de l'Eglise. L'ancien évêque de Bruges, Roger Vangheluwe, avait alors avoué avoir abusé de deux de ses neveux et avait démissionné. Dans la foulée, des milliers de témoignages avaient fait état de cas de sévices sexuels commis par des religieux belges.
Accusée d'avoir gardé le silence, la hiérarchie catholique belge fait l'objet d'une vaste enquête judiciaire. Confrontée à une forte chute de sa crédibilité, elle a appelé les victimes à se faire connaître et s'est engagée dans un processus d'indemnisation.